Roth 2006
Après 3 fois Embrun (2003, 2004 et 2005), 2 fois Nice (2003 et 2005), il est temps d’aller voir ailleurs, faire d’autres courses… Non pas que je n’apprécie plus ces deux-là, bien au contraire, je suis d’ailleurs fermement décidé d’y revenir un jour …
Le triathlon (format Ironman) de Roth, en Allemagne, petite ville au sud de Nuremberg en Bavière, fait énormément parler de lui dans le milieu du triathlon. De par son ampleur, nombre d’engagés, ferveur des spectateurs, organisation, etc. il fait l’unanimité. À faire au moins une fois dans sa vie de triathlète se dit-on !
Dont acte. Dès le début de la saison 2005, c’est décidé, je vais faire le maximum pour avoir un dossard l’année suivante. Eh oui, comme bon nombre d’épreuves de ce calibre, c’est un an avant qu’il faut s’y prendre. Être le jour « J » (largement annoncé à l’avance et connu de tous), derrière son ordinateur, la carte bancaire sous la main et avoir une bonne connexion Internet ! Pourtant, il y a environ 4 000 places (y compris les relais) à pourvoir mais, malgré tout, c’est en tout juste quelques minutes que tout se remplit, et ça, tous les ans ! (tout juste 50 et quelques secondes en cette année 2015 !).
Pour information, et surtout culture « triathlétique », il faut savoir que la ville de Roth avait été la première à accueillir le label Ironman plusieurs années auparavant. Puis, tout comme Gérardmer en France (en 2003 et 2004), la société Ironman avait décidé de transférer son épreuve « Ironman Allemagne » à Francfort (toujours existant et aussi très prisée aujourd’hui). Soi-disant meilleure vitrine, plus « bling-bling » que Roth, tel que Nice en France et, bien sûr en fait, surtout la même histoire de gros sous ! Voir le récit « Nice 2003 ». Exit donc le label Ironman de Roth…
Pour autant, les organisateurs et bénévoles décident de conserver leur épreuve, même format, et de la proposer (entre autre) aussi en relais… Bien leur en a pris car leur savoir-faire était de toute façon déjà acquis de longue date et donc, rapidement, l’engouement s’est fait autour de cette épreuve qui va devenir un mythe. Il faut dire qu’en Allemagne, le triathlon est très très populaire, qu’il y avait (et qu'il y a encore aujourd’hui) largement la place, le marché pour faire coexister les deux, Francfort et Roth. De plus, la rigueur d’organisation allemande avait largement fait ses preuves auparavant. Voilà donc pour l’histoire…
Mes copains Éric et Jean-Jacques (voir récit « Embrun 2005 »), avaient décidé eux aussi d’y aller, on s’était fait le mot pour ça, et chacun avait pu s’inscrire à temps.
Direction donc l’Allemagne pour la course qui se tient le dimanche 2 juillet. J’ai quand même pris le temps de faire Nouâtre, juste avant fin juin, mais que le Sprint, hein, faut pas pousser quand même !
Pour des raisons de congés personnels, chacun de nous arrive tour à tour... Nous avons tous les trois réservé dans un camping (Waldsee - Wallesau) à quelques km de Roth et du départ natation car, là-bas, il y a deux parcs à vélos. La natation se fait à une dizaine de km de la ville, elle s’effectue entre deux écluses dans un canal (du Danube) fermé à la navigation pendant l’épreuve.
Installation au camping, reconnaissance (une seule boucle sur les deux) du circuit vélo tous ensemble, mais en auto, car trop près du jour de la course.
La veille de la course, évènement sportif d'envergure, c’est France – Brésil en coupe du monde de foot. D’ailleurs, cette année (on avait été prévenu bien sûr), pas de pasta-party habituelle car en ce vendredi d’avant-veille de course, c’est l’Allemagne qui joue, contre l’Argentine !
La France en coupe du monde, pas question de rater ça , notamment pour Éric, notre footeux. Un de nos voisins (allemand) de camping qui possède un mobil-home nous propose de venir regarder le match avec lui. Parfait, merci. Je trimballe toujours avec moi des bouteilles de Chinon, Bourgueil, ou autres Vouvray, savoir échanger et partager nos terroirs, c’est pour moi indispensable. Je lui laisse une bouteille pour plus tard et, pour la soirée, on se contente d’une bonne bière qu’il nous offre, faut pas déconner quand même ! D’autant que la France gagne (1 - 0) et se qualifie pour les demi-finales…
J’avais anticipé cette victoire, récupéré plein de petits drapeaux « bleu – blanc – rouge », et les avais déjà scotchés sur mon casque, sur mes dossards et sur les poignées de frein du vélo. Bon, pour l’aérodynamisme, c’est sans doute pas top mais pour le fun et la déconne, là, y’a pas photo, ça le fait bien ! Ça me vaudra d’ailleurs deux photos en gros plan dans le livre (que j’ai acheté en souvenirs, 120 pages) qui est édité chaque année, reprenant en larges et belles photos glacées (+ articles) toute la course. Voir ci-dessous (Dommage, scanné, c’est moins beau...).
Avant tout ça, bien sûr on était allé déposer nos vélos dans le parc. Là, c’est waouuuuuuh ! Énorme la taille, impressionnant. Au total, les individuels, les relais, le championnat mondial pompier, c'est environ 4 000 athlètes !
La natation à Roth, c’est un peu particulier. On ne part pas tous ensemble comme la plupart du temps, mais par vague, selon notre catégorie d’âge. C’est vrai que dans ce canal, même s’il est large (les péniches y naviguent sans cesse et s’y croisent), un départ groupé ne serait pas gérable. L’avantage aussi, c’est que ça bastonne moins, sachant que la première bouée, ou plus exactement pile de pont à contourner pour le demi-tour, est à environ un km et demi… Autre avantage, ça fluidifie la course et évite la formation de pelotons à vélo, bien sûr strictement interdit (drafting).
Je sors de l’eau comme à mon habitude, « frais et dispo » en un peu moins d’une heure trente. Puis, j’attaque la première des deux boucles de vélo. Quelques belles grimpées mais rien de terrible, ce n’est pas de la montagne. Et arrive, le fameux « Solarberg »… Côte d’environ un km et demi, à la sortie d’une petite ville (Hilpoltstein) et là, tel que c’est notoirement connu, adulé, adoré, c’est le grand délire, le grand frisson garanti.
Au pied, il y a une arche avec une sono qui crache des tonnes et des tonnes de décibels. Devant moi, c’est une foule compacte qui apparaît déjà au loin, environ 20 à 30 000 personnes qui sont là, dans cette montée tous les ans. Bien sûr, les gens s’écartent au fur et à mesure que tu progresses, digne des étapes du Tour de France en haut de l’Alpe d’Huez à l’époque où il n’y avait pas de barrières pour écarter les spectateurs… Alors, du bas en haut, à la queue leu leu, les triathlètes grimpent et apprécient le spectacle. En fait, on me l’avait dit cent mille fois, c’est vrai, tu ne sais même plus si tu es sur le grand ou le petit plateau, sur quel pignon, tu grimpes, tout simplement. Tu es dans un autre monde, la chair de poule, les poils des bras (ceux des guiboles sont rasés) qui se dressent ! Il faut y passer soi-même pour comprendre, c’est un moment énorme. À vivre au moins une fois, pour ça que Roth est entre autre magique, ça n’existe nulle part ailleurs !
Dans la même rubrique de ferveur populaire, la traversée des villages et villes est tout bonnement grandiose. Que ce soit sur le parcours vélo ou marathon, les terrasses de cafés et bars sont blindées de monde, brandissant de grandes choppes de bière (tiens, c’est étonnant, ici !) en t’acclamant au passage . Un souvenir, des images gravées dans ma mémoire.
Je boucle la partie vélo en 6h25, pas terrible (juste au-dessus de 28 de moyenne) mais j’ai « pris mon temps », apprécié, et je pars sur le marathon avec, comme souvent, de bonnes sensations… Ce marathon, il est est sympa, très varié, d'abord dans un sous-bois puis longeant le canal, retour dans une nouvelle partie boisée, des villages traversés, retour le long du canal puis, dans le sous-bois ramenant sur le fameux stade remplis de spectateurs où se tient l’arrivée. Je ne fatigue quasiment jamais pendant ce marathon, ne trouve pas non plus le temps long, sur les dix derniers km, je me sens même pousser des ailes, non, non, je n’ai rien pris d’illicite, promis … Ah si, la bière d’hier soir, mais bon, si le houblon donnait la même chose que le canabis, ça se saurait depuis longtemps, hein ! Je boucle ces derniers kilos sur une base d’environ 11,5 km/heure ce qui me fait terminer cette course à pied en 4h32 , ce sera mon meilleur chrono marathon sur Ironman. Pour la course, au total, il me faudra 12h44’ pour terminer.
Pour Jean-Jacques et Éric, ce sera un peu plus difficile , néanmoins, tous les deux rallieront l’arrivée, une fois de plus, nous sommes finishers tous les trois, comme l’année dernière à Embrun !
Dès la ligne d’arrivée franchie, je profite des massages proposés. J’avais prévu de le faire car je sais que je dois retrouver (Éric aussi) mes amis Sorignois du club de vélo à Gap, pour être au départ de l’Étape du Tour « Gap – Alpe d’Huez » dès le lundi suivant , 10 juillet. J’ai donc besoin de récupérer au plus vite, au mieux, et un bon massage, c'est déjà le début de la récup !
Le lendemain, après avoir récupérés nos vélos dans le parc (surveillé toute la nuit), nous prenons le temps de faire une photo tous les trois sous l’arche d’arrivée au stade. Ensuite, ce sera le rangement de tout le matériel pour, dès le lendemain mardi, prendre la route, direction la France, Gap, pour Éric et moi. On doit traverser tout le sud de l’Allemagne, le Lichtenstein (Capitale Vaduz ), un peu de la Suisse, traverser l’Italie avant de passer la frontière française au col de Montgenèvre. On se fait ça sur deux jours avec, c’était prévu, une nuit dans un camping à Stresa, au bord du Lac De Garde. Je le savais, on le vérifie, le site est magnifique, grandiose ! À noter que ce soir-là, la France joue (et gagne sa place en finale) contre le Portugal. L’Italie s’est qualifiée, elle, la veille, autant dire que dans la salle télé du camping où, avec Éric, on a clairement montré qu’on était français, c’est ambiance - ambiance !
J’ai bien fait de garder mes drapeaux et, sûr, le lendemain de la finale (perdue) je vais les ré arborer à nouveau sur l'Étape du Tour. Évidemment, c’est un peu (beaucoup) de la provoc' , notamment pour nos amis italiens présents sur cette étape. Un des coureurs (Espagnol, mais dont la femme est italienne me dira t-il), m’ayant repéré viendra d’ailleurs à ma hauteur et ce sera chambrage en règle pendant un bon petit moment. Sympa. À noter, il est aussi triathlète, on a eu le temps d’en parler un peu, et surtout, il a vu l’équipement de mon vélo ! Je le retrouverai, complètement par hasard, au triathlon de l’Alpe d’Huez l’année suivante en 2007 puis, en 2008. Comme quoi, comme on dit, le monde est petit… On échange d’ailleurs encore régulièrement via Facebook aujourd’hui (2015).
Bon, là, je me suis un peu égaré en cette fin de récit mais, que voulez-vous, si personne ne m’arrête … Hein ?...