Tout d’abord, pour les « ceusses » qui ne connaissent pas, « 70.3 », c’est quoi ?

Eh bien, en fait, c’est tout simplement la distance, en miles, d’un demi Ironman, donc : 1,9 km en natation, 90 à vélo et un semi-marathon, 21 km. C’est plus simple que de dire half-ironman, et plus cool qu’en français, demi-Ironman, « demi » ayant aussi une connotation négative, l’égo du triathlète (Si, si… ) pourrait en prendre un coup dans la visière … Voilou pour l’info, la terminologie sera rapidement acceptée et usitée dans le milieu !

Mais, revenons à nos moutons, selon la célèbre expression ! Je vous laisse aller voir sa signification, son origine, c’est assez sympa  ! Et je ne vais quand même pas tout vous mâcher, hein... !

En 2006, pas de Nice, pas d’Embrun non plus (voir mon récit « Roth 2006 »), je suis donc allé à Roth début juillet. Comme il me reste pas mal de congés à planifier en ce printemps d’année 2006, que j’ai vu quelques infos concernant ce « 70.3 » de Monaco créé l’année d’avant, je me dis, après tout, pourquoi pas descendre dans le sud en ce début septembre… Envie de voir ce qu’il en est de cette épreuve, de voir Monaco, même si le « bling-bling », ce n’est pas vraiment mon truc  et, surtout, me dire, à cette époque de l’année (voire à d’autres), le beau temps y est quasi assuré. Dont acte !

Comme en 2003 et 2005, j’ai réservé au camping « Magali » à St Laurent du var (voir mon récit « Nice 2003 et 2005 »). J’arrive donc en terrain conquis en milieu de semaine précédant la course… Je vais repérer les lieux auparavant, histoire de connaître un peu et être moins perdu le jour « J ». En fait, Monaco, c’est archi simple à vivre . Faut juste que tu aies ta carte bancaire à portée de main et ce, dès l’approche via l’autoroute et tous ses péages à franchir. Pour les parkings, oublie-tout, t’as pas le choix, tout est (ou presque) en souterrain et bien sûr, payant. À ce propos, la société Ironman nous a fourni des « accréditations » pour pouvoir stationner à coûts « réduits »… Merci, vous êtes trop bons… Vu le tarif normal, c’est pas d’trop ! Là encore, tout ça, c’est un budget, ça compte.

Le retrait des dossards se fait à l’hôtel « Méridien Beach Plaza  », juste au-dessus de la fameuse plage du Larvotto, là où est le site du triathlon… Le retrait des slots pour Hawaii et Clearwater se tiendra dans ce même hôtel. Là, les organisateurs n’ont pas faits dans le détail. Le prix de la nuit de certaines chambres, et même en basse saison, peuvent carrément te couper l’envie de dormir pour un moment ! Bref, tout ça, c’est grand standing  !

Grand standing, tout comme la soirée « pasta-party » du vendredi soir qui se tient au palais Fontvielle, près du port du même nom, là où les hélicoptères font des rondes continuelles depuis l’aéroport de Nice pour véhiculer toutes sortes de personnalités  , disons-le, sacrément friquées !

Cette soirée est vraiment top . Les petits plats dans les grands comme on dit. Faut dire que l’échec de Nice 2005, l’année d’avant par les mêmes organisateurs (Société Triangle), a dû leur servir de leçon… (Voir mon récit Nice 2003 et 2005). À cette soirée, je m’attable avec deux couples d’amis, américains et canadiens (qui vit à Hawaii). Très sympa, on échange sur pas mal de choses… Au-delà du tourisme, ils sont venus pour tenter leurs qualifications à Clearwater où se tiendra le 11 novembre le premier championnat du monde Ironman « 70.3 ». On se retrouvera d’ailleurs lors de la remise des « slots » (places qualificatives) deux jours plus tard et en Floride deux mois après… Lire la suite…

À ce propos, les slots, fameux sésames pour aller à Hawaii et Clearwater, même si je sais que cette qualification ne sera attribuée qu’aux premiers de chaque catégorie d’âge, je sais aussi que vu le nombre de places en jeu, et avec les défections éventuelles de certains, eh bien, même vu mes faibles capacités, j’ai une petite chance…  MA chance… L’exemple de mon copain d’Angers à Nice l’année d’avant m’est toujours resté dans un coin de la tête et donc, dans mes papiers, j’ai avec moi quelque 500 dollars US en espèces… On ne sait jamais… Voir mon récit Nice 2005…

La veille de la course, je viens me balader sur le site, dans le village des exposants, mettre mon vélo dans le parc etc, etc. Je vois Kieran Doe (Néo-Zélandais) un des pros et favoris, qui, arrivé du jour, est en train de remonter son vélo sur le bord du trottoir … Comme quoi, même les pros de ce niveau, eh bien, dans le triathlon, c’est le système D … Je rencontre Gaël Mainard, triathlète pro qui souhaite arrêter sa carrière et se reconvertir. Il distribue des prospectus à l’entrée du parc à vélo pour le séjour à Clearwater et Hawaii qu’il va encadrer, il prépare sa reconversion. Il est devenu aussi, depuis 2012, l’organisateur du triathlon de Vichy , ainsi que de stages de préparation en Espagne à Calella (Barcelone).

Le jour de la course, au matin, pas de bol, le temps est couvert et il bruine un peu . Pour autant, pas froid du tout… On est à Monaco quand même… ! Ça se dégagera d’ailleurs totalement dans la journée.

Super natation en deux boucles dans la baie … On en prend vraiment plein la vue !

Le parcours vélo est très montagneux, trop sans doute. C’est ce qui perdra cette épreuve les années suivantes, pas suffisamment accessible au plus grand nombre (volonté marketing Ironman) et qui ne prendra jamais vraiment… Dommage car là aussi, les paysages sont magnifiques  : La Turbie, Peille, Col de Nice, les Sanctuaires de Laghet…

La course à pied est tout aussi belle, mais tout aussi difficile … Une des particularités, c’est d’emprunter le circuit de F1, notamment dans le mythique tunnel. Ensuite, la descente vers le port et ses petites barquasses amarrées, euh… Non , là, pas vraiment ! Puis, la remontée vers le casino, là encore, ça grimpe dur, très dur, quatre boucles à faire comme ça… Autant dire que ce n’est qu’un « half » mais il est sacrément exigeant, sélectif. Je le boucle en 6h16, à la 393^ème place. Le dernier (531^ème) mettra 8h28 ! Le premier est un certain Marcel Zamora… Eh oui, il cartonnait déjà l’animal !

L’anecdote « douche » : lors de l’engagement, il était notifié que des douches seraient disponibles sur le site. Soit, tant mieux, c’est appréciable. Mais, stupeur, ce sont les douches privées de la plage du Larvotto, donc, bien sûr payantes. Même si ce n’est pas une fortune, je ne sais d’ailleurs plus combien il nous est demandé, je trouve que c’est abusé, notamment vu le prix des inscriptions . On est chez Ironman, rappelez-vous !

Je ne suis pas seul à avoir cette réaction. À côté de moi, un « ptit » jeune râle tout pareil. On se regarde, on regarde les douchettes sur la plage à tout juste quelques mètres de nous, au milieu des vacanciers attablés, canotiers ou autre panama sur la tête, les mamies avec leurs chiens-chiens à sa mémère, sirotant tranquillement leurs petits rouges, heu… Non, là non plus … Bref, on se regarde et se dit mutuellement : t’as ce qu’il faut (Gel douche, serviette…)… Oui, ok, alors, allons-y ! Pour comprendre et mieux visualiser le tableau : en saison, une partie des tables des bars sont installées carrément sur la plage (son début), raison pour laquelle, il y a les douchettes tout à côté… Et voilà comment, et sous les yeux ébahis des touristes, on se savonne en rigolant , en faisant quand même attention de ne pas les éclabousser (de trop). Grand moment de délire  que je viens de vivre avec ce ptit jeune qui, on le vérifiera plus tard, deviendra « grand » : Romain Guillaume ! On se retrouvera d’ailleurs en Floride deux mois après, sur l’Ironman de Zurich en 2007, à l’Alpe d’Huez, à Royan en 2012… Toujours aussi souriant et sympa …

Arrive en fin d’après-midi la fameuse remise des slots pour Hawaii et Clearwater (sur certains « 70.3 », il y a aussi des places pour Hawaii). Ça se déroule dans un des salons de l’hôtel. Là, ils ont prévu un peu juste  au niveau des places et c’est assis sur le sol pour pas mal d’entre nous que nous y assistons. Ça fait « bizarre » de se trouver côte à côte avec des professionnels du circuit, femmes et hommes attendant, espérant tous la même chose… Notre qualification ! Après avoir distribué les slots « Hawaii », on passe à ceux pour la Floride… c’est là que je commence à « trembler ». Les premiers de chaque catégorie d’âge (de 5 en 5) sont appelés tour à tour… Déjà, dans les catégories avant la mienne, je vois que beaucoup de qualifiés ne sont pas présents ou refusent leurs places. Faut dire qu’entre début septembre et le 11 novembre, il faut l’avoir prévu, être capable d’avoir des congés, le budget… etc.

Et ce que j’attendais, que j’avais espéré arriva : grâce au « roll down », quelques-uns devant moi refusant, mon nom est (enfin) appelé … Bingo  ! Je me lève et vais à la table pour remplir les formalités, je sors mes dollars que j’avais soigneusement pris soin d’emmener (voir récit Nice 2005) et voilà comment je me retrouve avec ce précieux sésame, un certificat personnel avec code secret qu’il me faudra utiliser pour confirmer mon engagement une fois rentré à la maison. Mes deux (récents) amis américain et canadien ont aussi leur qualif en poche, on se fait une photo avec leurs épouses pour immortaliser cet instant magique.

Le soir même, c’est la cérémonie de clôture, toujours au palais Fontvielle. Je me revois encore devant l’entrée du bâtiment, juste avant la soirée, en train de textoter à toute ma famille, mes amis, que je viens de me qualifier pour la finale des championnats du monde Ironman « 70.3 » en Floride… J’ai encore du mal à y croire… Je suis à environ un mètre cinquante au-dessus de terre …

Car, en fin de compte, je n’ai concrètement débuté le triathlon que depuis 3 ans (en 2003)… Mon seul objectif était d’en faire que cette seule année-là, de me faire plaisir et aujourd’hui, en septembre 2006, je vis ce que beaucoup d’autres triathlètes beaucoup plus aguerris que moi (ce n’est pas bien compliqué avouons-le ) aimeraient bien vivre… Alors oui, je savoure … Lors de la soirée, avec mes compères américains, on s'échange nos coordonnées en espérant bien nous retrouver à Clearwater... Ce qui se fera d'ailleurs !

Nos "slots" en poches !

Rentré à la maison trois jours plus tard, je me dépêche de valider mon inscription, de faire ma demande de passeport, car jamais sorti de chez moi , je n’ai rien de tout ça, et planifier cette semaine de début novembre déjà si proche… Mes parents, habitués, eux, à voyager depuis des années, sont bien sûr partants pour m’accompagner avec plaisir dès que je leur en parle…

Ces deux mois (à peine) à venir, je vais continuer à me préparer au maximum, au mieux, ce serait trop con d’aller là-bas et d’être obligé de « bâcher »  faute de condition physique suffisante ! Quoique un « 70.3 », c’est loin d’être la mer à boire, surtout quand tu es habitué au double de la distance, dont 3 fois Embrun, entre autres …